type
Initiative connexe
Contexte
[Operational Aesthetics n’est pas une mission de CityTools mais une initiative connexe, menée par Mathieu Berger]
Les Contrats de quartier sont des programmes de rénovation urbaine et de développement socio-économique de quartiers bruxellois en difficulté. Ils sont financés par un subside régional accordé aux communes bénéficiaires, responsables de leur conception et de leur mise en œuvre. Depuis leur institution en 1993, ces programmes se sont caractérisés par la transversalité de leur action et un cadre opérationnel fixant des moyens donnés, des contraintes et des procédures claires. Derrière la multitude de réalisations menées, c’est aussi tout un monde professionnel, associatif et citoyen qui s’est mis en place et a évolué.
L’exposition Operational Aesthetics, tenue au CIVA (Centre International de la Ville, de l’Architecture et du Paysage) en février 2018 et dont Mathieu Berger était co-curateur, se présentait comme un travail de recherche et de réflexion sur 25 ans de "Contrats de quartier" en Région de Bruxelles-Capitale. Plutôt qu’une exposition de projets d’architecture réalisés dans le cadre des contrats de quartier, l’enjeu était d’exposer le dispositif de revitalisation urbaine en lui-même, dans ses dimensions historique, politique, cognitive, stratégique, économique, juridique, administrative, budgétaire, écosystémique, etc.
Objet et démarche
L’exposition proposait donc une immersion dans l’histoire, l’imaginaire, l’organisation, le pilotage et l’administration d’une politique publique. Les 14 situations choisies esquissent le récit sociologique d’une politique urbaine et de son cycle de vie, depuis sa naissance jusqu’à son état de développement actuel, qui après un quart de siècle de fonctionnement pose d’importantes questions.
Les situations détaillées se composent d’une partie narrative mêlée d’éclairages analytiques. Ces éléments sont complétés par un ensemble de références : documents légaux, réglementaires, administratifs, mais aussi ouvrages théoriques, images, objets, etc.
Si les réalisations architecturales et urbanistiques de cette politique sont présentées, notamment à travers une multitude de maquettes fournies par les auteurs de projet, ce sont surtout les rouages opérationnels des Contrats de quartier que ce travail a cherché à mettre au jour. Il s’agissait moins ici d’exposer la production architecturale des Contrats de quartier, ses réalisations réalisations bâties, que d’exposer une politique publique à travers la myriade d’opérations qui la constituent et la reconstituent continuellement.
Le titre de l’exposition Operational Aesthetics, dans son apparente antinomie (comment une masse de micro-opérations à caractère bureaucratique peut-elle bien être "belle"?), invite à porter un oeil sensible, appréciatif, sur cette dimension opérationnelle, sur les mille et une choses et personnes qui font qu’une politique publique tient ensemble et, par là même, qui font aussi que la ville tient ensemble. Parler d’ « esthétique opérationnelle », dans le cas de cette publique, ça consiste à affirmer que les réalisations architecturale et urbanistiques des Contrats de quartier ne peuvent être appréciées à leur juste valeur que lorsqu’on prend conscience et connaissance de ce monde sous-terrain, étrange et complexe, qui les rend possible.